Agression entre chiens : influences de la race

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La génétique est l’un des nombreux facteurs qui influencent le comportement. Des modèles peuvent être observés concernant le comportement et l’agression en fonction des races de chiens, en raison de la sélection. En effet, presque toutes les races de chiens sont distinctes sur le plan génétique (Parker et al., 2004, 2007, 2010, in Hart & Hart, 2016). L’aptitude au dressage s’est avérée plus élevée chez les races de chiens sélectionnées pour le travail (Serpell & Hsu, 2005, in Hart & Hart, 2016). La peur, la sociabilité et l’agressivité divergent entre les races (Svartberg & Forkman, 2002, Svartberg et al., 2005 in Hart & Hart, 2016). Le courage et l’aptitude au dressage sont possiblement liées à l’utilité des races (Turcsan et al., 2011, in Hart & Hart, 2016). Les évaluations génétiques et comportementales suggèrent que les races apparentées ont certaines caractéristiques en commun, concernant l’affection et l’agression, et que l’élevage sélectif a conduit à une différenciation pour d’autres caractères tels que le niveau d’activité ou l’aptitude au dressage (Hart & Hart, 2016). Par exemple, un gène présent chez les chiens de berger, EPHA5, a été associé au TDAH chez l’homme et à des comportements similaires à l’anxiété chez les mammifères (Dutrow et al., 2022).

Élevage des chiens pour le travail ou la conformation

Duffy et al. (2008) ont observé des différences significatives dans l’agressivité envers les propriétaires, les étrangers et les chiens selon les races. Plus de 20 % des Pit Bull Terriers, des Jack Russells et des Akita Inus se sont montrés agressifs envers les chiens étrangers. Les races les moins agressives envers les chiens et les humains étaient les Labradors et les Golden Retrievers, les Greyhounds, les Whippets, les Bouviers bernois et les Épagneuls bretons. Des différences au sein des races ont également été observées entre les chiens élevés pour la conformation (expositions) et les chiens élevés pour le travail. Chez les Springer Spaniels anglais, les chiens élevés pour le travail étaient moins agressifs envers les chiens et les humains, tandis que chez les Labradors, l’agressivité envers le gardien était plus élevée chez les chiens élevés pour le travail. Une influence génétique sur l’agressivité est donc suggérée, sans être attribuable à l’élevage de conformation. En général, l’élevage de conformation a entraîné une baisse du caractère joueur, de l’agressivité et de la curiosité, tandis que la sélection pour le travail a entraîné une hausse de l’agressivité et du caractère joueur (Svartberg, 2006, in Duffy et al., 2008), ce qui suggère une base génétique pour l’agressivité, sélectionnée intentionnellement ou non. Dans certaines races, les niveaux d’agression rapportés atteignent 30 % envers les chiens étrangers. Cependant, les variations au sein de la race suggèrent que l’environnement joue un rôle important dans l’expression, ou non, du comportement agressif (Duffy et al., 2008). En outre, alors que certaines races comme les Jack Russels, les Chihuahuas ou les Teckels étaient agressives dans plusieurs situations, d’autres, comme les Huskies sibériens, les Akitas et les Pit Bulls, se montraient agressifs surtout envers des chiens étrangers. Ainsi, différents mécanismes peuvent conduire à des comportements agressifs. Les races rapportées comme étant les plus agressives envers les autres chiens étaient le Berger allemand, le Boxer, l’Akita, le Pitbull, le Bouvier australien, le Teckel, le Chihuahua, le West highland terrier et l’Épagneul springer anglais.

Races et agression entre chiens

Le Fox Terrier à poil dur, le Basenji et le Beagle semblent avoir une plus grande réactivité que le Berger Shetland et l’Épagneul Cocker. Ces mêmes races, testées pour la résolution de problèmes dans le cadre de plusieurs activités, ont donné des résultats différents et aucune race n’a surpassé toutes les autres dans tous les tests. Les hybrides F1 et F2 de cockers américains et de basenjis ont fortement tendance à montrer des performances intermédiaires à celles de leurs parents dans les tests comportementaux. Les backcross ont montré des résultats intermédiaires entre les chiens parents et les chiens F1. Cela montre un facteur génétique sur le comportement (Scott & Fuller, 1965, in Spady & Ostranger, 2008). Par rapport aux chiens croisés, aucune race particulière n’a montré un risque plus élevé d’agression envers les autres chiens du foyer. Les chiens de compagnie et les races toys ont tendance à présenter un risque plus faible. En ce qui concerne l’agression envers des chiens étrangers, les races de terriers présentaient un risque 2,8 fois plus élevé et les races pastorales, 2 fois plus élevé que les chiens croisés. Le groupe de chiens de travail avait tendance à présenter un risque plus élevé. Au contraire, les chiens de chasse présentent un risque 1,5 fois moins élevé (Casey et al., 2013). Ces résultats sont cohérents avec ceux observés par Duffy et al. (2008). MacLeant et al. (2019) ont constaté que les différences comportementales entre les races sont hautement héritables pour 13 traits. Ils ont identifié 131 polymorphismes nucléotidiques simples liés aux différences de comportement entre les races et trouvés dans les gènes exprimés dans le cerveau. En revanche, dans leur étude, Morill et al. (2022) ont constaté que la race de chien est un mauvais prédicteur du comportement individuel.

Lien entre taille du chien et agression entre chiens ?

Une étude a montré que l’agressivité envers les chiens et les étrangers et la peur des étrangers sont liées, mais qu’elles ne sont pas liées à l’agressivité envers les gardiens. L’agression dirigée vers le propriétaire et la rivalité entre chiens sont associées à la même variation génétique qui contribue à la petite taille des races de chiens. Cela montre le lien entre la rivalité entre chiens et l’agression dirigée envers le propriétaire, leur association avec les races de petite et moyenne taille, mais aussi leur indépendance par rapport à l’agression dirigée contre les chiens et les étrangers (Zapata et al., 2016). D’autres études ont établi un lien entre la petite taille et l’anxiété de séparation, la peur des chiens, l’agressivité et la peur envers les étrangers et la sensibilité au toucher (McGreevy et al., 2013, dans Zapata et al., 2016). Le Jack Russel Terrier, le Border Collie, le Beagle, le Cocker Spaniel et le Setter anglais sont des races qui portent l’haplotype d’agressivité et de peur accrues sur leur chromosome 18. Les Teckels présentent la même variation, ainsi que la mutation induisant des pattes courtes (Zapata et al., 2016). Une étude portant sur 99 cas d’agression entre chiens a observé que dans 70 % des cas, les bagarres étaient déclenchées par des chiens de race, les bergers allemands étant les plus nombreux. Les agressions entre chiens d’un même foyer étaient plus fréquentes avec les races non sportives et les races de chiens de bergers, et moins fréquentes avec les races sportives et les races toys. Parmi les cas d’agression envers des chiens étrangers, les races de terriers étaient les plus fréquemment impliquées. Les agressions domestiques étaient plus souvent le fait des femelles et les agressions non domestiques, des mâles. Les bagarres domestiques ont provoqué plus de blessures, et les bagarres entre femelles d’un même foyer ont été les plus graves. L’excitation est le déclencheur le plus fréquent des agressions domestiques. Après traitement, la résolution était plus fréquente pour les agressions non domestiques (Sherman et al., 1996).

Conclusion sur l’agression entre chiens

Les races de chiens peuvent donner une tendance générale de comportement ou aider à prévoir les difficultés éventuelles liées à l’éducation d’un chien. Toutefois, les lignées au sein d’une même race ont également une grande influence. On constate par exemple d’énormes différences entre les Huskies sibériens de conformation et les Huskies sélectionnés pour le travail, tant au niveau de la morphologie que du comportement. Même au sein des Huskies de travail, il existe des différences conséquentes entre des lignées renommées. Au-delà de ces considérations, il ne faut pas oublier les variations individuelles, ainsi que l’influence de l’environnement avant et après sa naissance et ses diverses expériences au cours de sa vie.

Qui suis-je ?

Mélissa WACHS comportementaliste canin artiste animalière

Comportementaliste canin et artiste animalière, je vous aide à (re)trouver une relation épanouie avec votre chien.

Sources

Casey, R., Loftus, B. A., Bolster, C., Richards, G., & Blackwell, E. (2013). Inter‐dog aggression in a  UK owner survey: prevalence, co‐occurrence in different contexts and risk factors. Veterinary  Record, 172(5), 127. https://doi.org/10.1136/vr.100997 

Duffy, D. L., Hsu, Y., & Serpell, J. A. (2008). Breed differences in canine aggression. Applied  Animal Behaviour Science, 114(3–4), 441–460. https://doi.org/10.1016/j.applanim.2008.04.006 

Dutrow, E. V., Serpell, J. A., & Ostrander, E. A. (2022). Domestic dog lineages reveal genetic  drivers of behavioral diversification. Cell, 185(25), 4737-4755.e18. https://doi.org/10.1016/j.cell. 2022.11.003 

Hart, B. L., & Hart, L. A. (2016). Breed and gender differences in dog behavior. In Cambridge  University Press eBooks (pp. 118–132). https://doi.org/10.1017/9781139161800.007 

MacLeant, E. L., Snyder‐Mackler, N., vonHoldt, B. M., & Serpell, J. A. (2019). Highly heritable and  functionally relevant breed differences in dog behavior. bioRxiv (Cold Spring Harbor Laboratory).  https://doi.org/10.1101/509315 

Morrill, K. M., Hekman, J. P., Li, X., McClure, J., Logan, B., Goodman, L., Gao, M., Yan, D.,  Alonso, M., Carmichael, E., Snyder‐Mackler, N., Alonso, J., Noh, H. J., Johnson, J., Koltookian,  M., Lieu, C., Megquier, K., Swofford, R., Turner-Maier, J., . . . Karlsson, E. K. (2022). Ancestry inclusive dog genomics challenges popular breed stereotypes. Science, 376(6592). https:// doi.org/10.1126/science.abk0639 

Sherman, C. K., Reisner, I. R., Taliaferro, L. A., & Houpt, K. A. (1996). Characteristics, treatment,  and outcome of 99 cases of aggression between dogs. Applied Animal Behaviour Science, 47(1– 2), 91–108. https://doi.org/10.1016/0168-1591(95)01013-0 

Spady, T. C., & Ostrander, E. A. (2008). Canine Behavioral Genetics: Pointing Out the Phenotypes  and Herding up the Genes. The American Journal of Human Genetics, 82(1), 10–18. https:// doi.org/10.1016/j.ajhg.2007.12.001 

Zapata, I., Serpell, J. A., & Álvarez, C. E. (2016). Genetic mapping of canine fear and aggression.  BMC Genomics, 17(1). https://doi.org/10.1186/s12864-016-2936-3 

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