De l’importance d’établir une relation de confiance avec son chien

L’éducation canine est un sujet d’importance lorsque l’on vit avec un ou plusieurs chiens, et la confiance est primordiale. Cependant, des « méthodes » variées sont véhiculées et il peut être difficile de s’y retrouver ou de faire le tri. De nombreuses études scientifiques menées permettent de comprendre pourquoi certaines méthodes sont plus adaptées, et pourquoi d’autres sont à bannir, en fonction de leurs impacts sur le chien et sa relation à son humain.

Les chiens portent plus d’attention aux humains familiers, de qui ils sont proches (Horn et al., 2012). Ils comptent plus sur leurs humains et recherchent plus leur proximité quand ceux-ci montrent plus d’enthousiasme et sont plus chaleureux (Cimarelli et al., 2016). Ce comportement pourrait refléter l’effet « safe haven » des humains sur leurs chiens (Gácsi et al., 2013, in Cimarelli et al., 2016), c’est-à-dire que l’humain représente un refuge sécurisé pour le chien, qui sait qu’il peut compter dessus. Un parallèle peut-être fait avec l’attachement enfants-parents, où les enfants qui se sentent en sécurité recherchent la proximité de leurs parents dans les situations stressantes (Bowlby, 1969, in Cimarelli et al., 2016). Le chien fait donc confiance à son humain pour le préserver du danger. Cela montre la nécessité d’une relation saine et de confiance entre le chien et l’humain, mais aussi le besoin pour le chien de ressentir la confiance en lui-même de son humain, et sa capacité à lui fournir un cadre sécurisant.

Confiance - HUULIK Comportementaliste canin
©Mélissa WACHS

Effets délétères des méthodes aversives

Au contraire, un comportement plus contrôlant de la part de l’humain conduit à plus d’agression de la part des chiens (Cimarelli et al., 2016). L’usage des punitions plus fréquent est associé avec une augmentation de la peur, de l’agression et de l’excitabilité (Arhant et al., 2010). Les méthodes aversives causent du stress chez les chiens, qui compromet leur bien-être dans et en dehors du contexte d’entraînement ou de travail (Vieira de Castro et al., 2020). Elles sont également associées avec des performances moindres (Haverbeke et al., 2008), des problèmes de bien-être (Schilder and van der Borg, 2004) et une augmentation des problèmes comportementaux comme la peur et l’agression (Hiby et al., 2004). Par ailleurs, la violence montre une perte d’auto-contrôle qui est perçue à l’extérieur, et les personnes avec des auto-contrôles élevés inspirent plus confiance (Righep & Finkenauer, 2011)… De plus, le risque existe que les chiens associent la punition avec le contexte ou la personne qui la dispense, au lieu de leur propre comportement (Blackwell et al., 2008 ; Schilder & van der Borg, 2004), ce qui détériorerait la relation entre le chien et son humain.

Par ailleurs, nous avons vu que le chien fait confiance à son mettre pour le protéger du danger et le sécuriser. Comment cela serait-il possible lorsque le danger peut venir de son humain directement ?

Construire la confiance

La confiance ne peut donc être construite qu’avec l’usage de méthodes respectueuses. Le renforcement positif (= l’ajout d’un stimulus agréable dans le but d’augmenter un comportement) est moins stressant que le renforcement négatif (retrait d’un stimulus désagréable dans le but d’augmenter un comportement) pour le chien (Deldalle & Gaunet, 2014), et montre de meilleurs résultats, tout en favorisant une relation chien-humain équilibrée et saine (China et al., 2020). Par ailleurs, les chiens entraînés avec des méthodes patientes montrent une plus grande capacité sur des tâches nouvelles (Rooney & Cowan, 2011), et les chiens éduqués sans usage de la punition affichent moins de comportements potentiellement indésirables (Blackwell et al., 2008 ; Schilder & van der Borg, 2004).

La confiance en soi est aussi importante. En effet, les gardiens qui se disent plus confiants dans leurs capacités à éduquer et s’occuper d’un chien sont exposés à moins de problèmes comportementaux et plus de satisfaction (Bouma et al., 2020).

Impacts de la confiance sur l’humain

L’attachement des humains à leurs chiens n’impacte pas seulement le comportement du chien. Il influence aussi leurs propres attentes envers leurs chiens. Ainsi, l’attachement anxieux au chien ou l’évitement sont associés à des attentes négatives de la part des maîtres. De plus, les gardiens qui ne sont pas vraiment attachés à leurs chiens ont tendance à se méfier de leurs intentions et à voir leurs chiens avec des caractéristiques négatives, comme le fait de n’être pas digne de confiance et de ne pas répondre à leurs besoins (Zilcha-Mano et al., 2011).

Vous l’aurez compris, il est primordial d’établir un lien de confiance entre le chien et l’humain, qui sera à la base de tout travail et de toute relation saine et sereine. La construction d’une relation de confiance et l’utilisation des méthodes dites « positives » n’excluent pas de poser des limites, qui sont également essentielles pour une relation saine, équilibrée et sereine. On aboutit ainsi à un encadrement calme.

En quoi les limites sont-elles essentielles ?

Apprendre les bonnes manières à son chien fait partie intégrante de ce qui devrait être effectué par son humain. En effet, poser un cadre est important dans le processus de sécurisation. De plus, tout comme un enfant trop gâté, un chien à qui il n’a pas été donné de limites ne sera pas plus heureux. À chaque fois qu’il n’aura pas ce qu’il désire, il risquera d’être frustré. Et la frustration conduit à une augmentation des niveaux de cortisol, comme cela se passe lors d’une réaction de peur ou de stress (Gray, 1987, in Jakovcevis et al., 2013).

La frustration cause aussi une augmentation des comportements stéréotypiques (Latham & Mason, 2010, in Jakovcevic et al., 2013), des vocalisations et des comportements agressifs (Papini, 2003, in Jakovcevic et al., 2013). De plus, les problèmes comportementaux des chiens peuvent causer du stress chez leurs humains, et il a été montré que les niveaux de stress des chiens suivent les niveaux de stress à long-terme de leurs humains (Sundman et al., 2019), ce qui peut conduire à un cercle vicieux. Il est donc important de vous détendre vous-même également pour ne pas augmenter le stress de votre chien, et éviter ainsi la spirale infernale..! 😉

Les problèmes comportementaux peuvent être réduits en évitant les punitions, et l’écoute améliorée par la cohérence de l’humain dans ses interactions avec son chien, et le partage d’activités de jeu et de travail.

Par exemple, les propriétaires de petits chiens ont tendance à être moins cohérents quand ils interagissent avec leurs chiens, et à pratiquer moins d’activités avec eux, alors que des jeux et entraînements plus fréquents sont associés à une meilleure écoute chez les petits chiens (Arhant et al., 2010).

L’encadrement calme comme base…

Un encadrement calme permet de construire une relation de confiance avec son chien, tout en respectant sa personnalité et en posant sereinement un cadre sécurisant.

L’encadrement calme inclut aussi d’abaisser le ton de sa voix pour parler aux chiens. En effet, l’intensité du son est un indice important pour décoder les émotions à travers la voix (Chen et al., 2012) et cela influence l’attention portée par les chiens, qui sont sensibles aux signaux émotionnels des vocalisations humaines (Siniscalchi et al., 2018). Les humains parlent souvent aux chiens d’une voix aigüe, comme ils le font avec les enfants (Jeannin et al., 2017). Abaisser le ton de la voix peut aider le chien à être attentif car il indique la confiance, alors qu’élever la voix peut être perçu comme un indicateur d’agression (Page & Balloun, 2010).

Les chiens accordent de l’attention aux personnes de qui ils sont proches et à qui ils font confiance, ce qui n’est pas compatible avec l’usage des méthodes aversives. Cela n’exclut pas de poser des limites, de manière bienveillante et respectueuse. Un encadrement calme réunit ces besoins. On pourrait également parler de leadership, puisque l’homme adopte une posture de leader, de guide pour son chien, l’orientant vers les attitudes à adopter et lui indiquant par ailleurs ce qui n’est pas acceptable, de manière bienveillante et respectueuse.

Article rédigé par Mélissa WACHS – Comportementaliste canin

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Bibliographie

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